Ce cas est le plus emblématique de la vulnérabilité des copropriétés faces aux entreprises peu scrupuleuses lorsqu’il n’y a pas de compétences de contrôle sur site.
Il y a quelques années, 5 appartements se sont plaints d’humidité persistante dans leur salle de bain, faute d’une aspiration suffisante. La société en charge de la maintenance à l’époque, que nous appellerons DDD, préconisait de mesurer les dépressions de toutes les bouches de VMC des deux bâtiments, ce qui fut fait.
A suivi la réception d’un rapport avec la conclusion qu’il fallait changer toutes les bouches de VMC, accompagnée de deux devis, l’un à 13 050 € et le second à 24 818 €, la différence dépendant du type de matériel.
Sans aucun problème d’aspiration dans mon logement ou celui que je loue, je m’étonnais de la nécessité de devoir changer 234 bouches de VMC pour régler le problème de 5 salles de bain. J’ai donc demandé à DDD de me fournir les relevés des mesures.
Il m’a fallu pas mal de temps pour exploiter ce document où les numéros d’appartement étaient remplacés par les noms approximativement inscrits phonétiquement avec des FIGIEL devenu GIGIEL, ou encore DEGETERA qu’il fallait traduit en DE GEYTERE.
Une fois débarrassé de ma tenue d’égyptologue, et entré le tout dans une feuille Excel afin d’avoir une représentation géographique des mesures, j’en ai déduit immédiatement que le problème n’était pas global, mais localisé sur des colonnes en extrémité des bâtiments. L’encrassement des tuyauteries par manque de nettoyage pénalisait l’aspiration, notamment au niveau des T3 où les sections sont réduites.
En un mot, mettre près de 25 000 € pour changer toutes les bouches n’aurait rien amélioré. Mais avec un nettoyage des colonnes en même temps, solution du problème, on aurait peut-être pu nous le faire croire...
Au passage, figuraient dans le relevé des mesures, des valeurs négatives démontrant une certain manque de maitrise du technicien, car cela signifiait que l’air n’était pas aspiré mais soufflé dans l’appartement, ce qui est impossible.
Les problématiques de ventilation n’étant pas ma spécialité, j’ai fait part de mes doutes au syndic et nous avons demandé une expertise. Nous sommes allés dans les combles, j’ai fourni mon tableau, et mes hypothèses ont été confirmées.
Retour vers DDD pour signifier la rébellion des pigeons, et venu d’un dit « expert » qui prescrit un nettoyage des horizontaux et des 36 colonnes, et l’exécutera plus tard.
Pas de chance pour cet « expert » : j’étais présent le jour de son intervention. Dès le matin, je l’ai laissé seul dans les combles mais, à l’oreille, bien que présent dans le couloir du 4eme étage ou dans mon appartement au 3eme, je savais ce qu’il faisait et surtout, ce qu’il ne faisait pas.
Vers midi, il terminait le bâtiment B et attaquait le A, nettoyé en une demi-heure ! Explication ? « Il était moins sale » ! Sur qu’au bâtiment A, l’air doit être plus pur et chargé de moins de poussière qu’au B !
Lorsqu’il est descendu des combles du bâtiment B, il disait avoir tout nettoyé. Plus tard, en le « cuisinant » un peu car je n’avais pas entendu le « hérisson » descendre dans les verticaux, « certaines colonnes au fond » n’avaient pas pu être faites. Et pour finir, après le nettoyage express du bâtiment A, au volant de son véhicule, il m’a avoué n’avoir fait que les horizontaux et changé la courroie... Et oui, il ne devait pas être habitué que quelqu’un contrôle ses actions et les critique.
Ce n’était vraiment pas son jour car, au moment de partir, j’ai dû le rattraper par la manche car le caisson du bâtiment B vibrait tellement fort qu’on l’entendait au rez-de-chaussée ! Le bruit a cessé après son passage derechef au « 5eme » mais nous avons très mal dormi la nuit suivante avec le caisson qu’il s’est transformé en diesel froid.
Les yeux pas forcément en face des trous après cette nuit très sonore, j’ai examiné le caisson : il avait été calé avec un morceau de laine de verre... Quel professionnalisme ! C’est vrai que ce caisson est difficile à stabiliser. J’ai mis des jours à parvenir à trouver où mettre les pressions afin qu’il se fasse oublié. C’est pour cela que je tiens à être prévenu lorsqu’une intervention dessus est prévue.
La totale perte de confiance en cette société et les manquements avérés m’ont amené à demander de casser le contrat de maintenance avant son terme, et de choisir une société locale et non de la région parisienne, celle dont le directeur était venu pour l’expertise, et qui m’avait semblé professionnel lors de nos échanges techniques.
Chat échaudé craignant l’eau froide, j’ai accompagné de A à Z les premières interventions de ce nouveau prestataire. Il a fallu deux jours pour remettre les choses en ordre et évacuer des années de poussières accumulées.
DDD ne faisait pas les prestations contractuelles et cherchait à vendre des travaux non nécessaires, faciles à faire et bien juteux financièrement parlant. Elle profite de « l’ignorance » technique de ses clients pour les duper.
Récemment, lors d’une rencontre avec le président du Conseil Syndical d’une résidence du Compiégnois, j’ai exposé ma défiance envers les contrats-cadres en citant notre mésaventure comme exemple. Egalement homme de technique attentif, il a eu la même démarche que moi, rencontré le même problème que nous, et de plus avec la même société qu’il a également virée...
Nous avons pu nous débarrasser de cette entreprise, sans trop de réticences exprimés du syndic, devant l’avalanche de faits négatifs présentés. Toutefois, je crois savoir que la rupture ne concerne que nous c’est-à-dire que DDD est toujours dans le catalogue des contrats-cadres du syndic.
Ceci parfait ma défiance envers les sociétés présentées contrats-cadres et entame beaucoup ma confiance en notre syndic.